
Il s’agit d’un constat indéniable, le Quartier Latin à Paris suscite un désenchantement de la part des propriétaires de librairies opérant dans la capitale. Selon les observateurs, les librairies laissent progressivement l’endroit puisque le contexte est devenu défavorable à l’exercice de leurs activités. La flambée des loyers et les ventes en ligne ont provoqué le désintérêt ambiant qui pèse sur le Quartier Latin à Paris. Ce phénomène est constaté depuis une vingtaine d’années et tend à s’accélérer dernièrement.
Les loyers prohibitifs et le développement de la vente en ligne impactent le Quartier Latin à Paris
Depuis 20 ans, le Quartier Latin à Paris semble accuser le coup d’un désintérêt manifeste des gérants de librairies. En cause, il existe une mutation intrinsèque du secteur qui visiblement, se réinvente autre part. Le constat suscite la désolation chez certaines personnes dans la mesure où l’endroit est symbolique. Depuis le Moyen Âge, le quartier est présenté comme le cœur du savoir dans la capitale française.
Aujourd’hui, on apprend la fermeture programmée de quatre librairies du groupe Gibert qui fait mal au cœur à de nombreux amoureux de livres papier. Le groupe Gibert est une référence puisqu’il s’agit de l’un des plus anciens vendeurs de livres du pays. Cette situation montre clairement les difficultés intrinsèques rencontrées par le secteur.
Le Quartier Latin à Paris, un endroit symbolique
Le côté culturel du Quartier Latin à Paris est renforcé par la présence de l’université de la Sorbonne. Cet établissement s’est établi dans le quartier dès le XIIIème siècle, participant activement à améliorer l’attractivité de l’endroit. Le Quartier Latin se trouve sur la rive gauche de la Seine où sont installées des dizaines de librairies. Il y en a pour toutes les catégories : petites libraires, librairies dédiées à la littérature canadienne, librairies ultra-spécialisées sur le droit et libraires d’occasion.
Le Quartier Latin à Paris abrite aussi des librairies d’envergure comme la boutique Gibert-Joseph qui est installé dans un bâtiment de six étages sur le boulevard Saint-Michel. Cependant, les choses ont énormément changé depuis une vingtaine d’années. Un libraire historique du quartier fait un constat assez désolant sur ce qui s’y passe en décrivant que ce « pôle d’attractivité » est devenu un « centre-ville de province ».
L’intéressé précise que les librairies du Quartier Latin, y compris les enseignes franchisées comme Celio, Sephora, Levi’s, sont mises en difficultés par la hausse des loyers et la nonchalance d’une clientèle visiblement attirée ailleurs. Beaucoup de librairies du quartier choisissent alors d’aménager dans un local plus petit pour réduire les charges.
Les librairies se rajeunissent au Quartier Latin
Avec le temps, les librairies historiques et d’envergure tendent à devenir de moins en moins rentables dans le Quartier Latin à Paris. Elles décident alors de fermer boutique pour laisser place à des établissements dont le modèle économique est plus adapté au contexte en présence. Environ 43 % des librairies du Quartier Latin ont fermé en moins de 20 ans d’après les données recueillies par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), transmises à l’AFP. Cet établissement se trouve dans les Vème et VIème arrondissements.
Les librairies du Quartier Latin sont surtout orientées sur le scolaire et l’universitaire en étant situées à proximité de l’université de la Sorbonne. Mais la concurrence du géant Amazon et la croissance de la vente en ligne de livres ont modifié le contexte. De plus, le Quartier Latin abrite aujourd’hui moins de 10 000 étudiants selon les chiffres publiés par l’Insee. Il s’agit d’un chiffre en baisse comparé à ce qui se passait dans le passé.
Le centre de la Capitale s’est tourné progressivement vers le tourisme en reléguant au second plan le volet culturel. La situation va encore être amplifiée par les librairies historiques qui entrevoient de fermer prochainement la boutique. Fin mars, le premier libraire indépendant de France, le groupe Gibert, va mettre les clés sous la porte pour quatre de ses six boutiques Gibert-Jeune. Ces librairies avaient pris place sur la très touristique place Saint-Michel. Précisons que le Groupe Gibert est installé dans le Quartier Latin à Paris depuis 135 ans.
La mairie essaie de sauver la facette culturelle du quartier
Face à cette recrudescence des librairies qui jettent l’éponge, la mairie de Paris tente de réagir pour sauver ce qui reste du côté culturel du quartier. Elle intervient au travers de sa société d’économie mixte Semaest. Elle tente de préempter les murs des librairies en situation difficile dans le but de préserver « le commerce culturel » et de « freiner sa chute ». À travers cette opération, la mairie entrevoit à proposer des loyers plus abordables aux libraires pour les aider à tenir le coup et à rester en place.
Aujourd’hui, on a pu constater que les librairies indépendantes, basées sur un modèle économique différent, ont enregistré de la croissance depuis 2017. Certes, les trois mois de fermeture imposés en 2020 lors du confinement ont laissé des traces (léger recul de -3,3 %). La tendance demeure tout de même à la hausse selon le Syndicat de la librairie française (SLF).
Les loyers, un paramètre influent
Pour fonctionner, les librairies de Paris doivent s’appuyer sur un modèle économique qui fonctionne. Les relations humaines entre libraires et clients sont ainsi fondamentales. C’est pourquoi les petites structures enregistrent des résultats favorables et encourageants. Le groupe Gibert songe ainsi à ouvrir des libraires de moins de 150 m2 en banlieue pour s’adapter à la mutation du secteur. Le directeur général de l’établissement précise toutefois que les loyers restent une question centrale dans ce processus.